Celia Oneto Bensaid, une virtuose libre et lumineuse au Festival de Menton

Fidèle du Festival de Menton, la pianiste Celia Oneto Bensaid ne cesse de surprendre son public par l’originalité de ses propositions artistiques. À chacune de ses venues, elle transforme le concert classique en expérience sensorielle et intellectuelle.
En 2021, elle avait déjà marqué les esprits avec un récital-promenade inédit, donné en plein air grâce au dispositif "Silent System" — un piano muet diffusant le son dans des casques audio sans fil. Le public, casque sur les oreilles, déambulait librement à travers les oliviers du Parc du Pian, redécouvrant la musique dans un rapport intime et mouvant.
L’année suivante, elle mettait à l’honneur un répertoire trop souvent négligé : celui des compositrices. Une thématique qu’elle approfondit depuis, notamment avec la violoniste Raphaëlle Moreau, dans un programme consacré à Clara Schumann, Lili Boulanger ou Camille Pépin.
Cette année, Celia Oneto Bensaid revient avec un nouveau programme poétiquement intitulé Miroirs liquides, une évocation de l’eau à travers les œuvres de cinq compositrices françaises, de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui.
On retrouve dans ce récital son jeu clair, limpide, d’une grande finesse de timbre. Sa palette sonore, à la fois lumineuse et chatoyante, évoque par instants les touches d’un tableau impressionniste. Si certaines pièces, comme Impressions de mer de Marcelle de Manziarly ou Aquarium de Fernande Decruck, se révèlent plus anecdotiques, d’autres captivent immédiatement. En Gondole de Jeanne Leleu séduit par son élégance mystérieuse. Leleu, apprend-on grâce aux commentaires vivants de l’interprète, fut une virtuose admirée de son temps, créatrice notamment du célèbre Ma mère l’Oye de Ravel.
Camille Pépin, figure montante de la scène contemporaine, offre avec Iridescence – Glace un bijou cristallin et vibrant. Quant à Les jours pluvieux de Marie Jaëll — élève de César Franck et de Saint-Saëns —, ils résonnent comme une véritable révélation, à la hauteur de ses illustres maîtres. Le programme s’achève avec trois pièces extraites du recueil Musique sur l’eau de Rita Strohl, compositrice bretonne injustement oubliée.
Pour ce récital, Yamaha, partenaire du festival, a mis à disposition deux magnifiques pianos. Installés au centre du Salon Grande-Bretagne, dans une disposition circulaire, ils ont permis une acoustique idéale et une proximité précieuse avec l’artiste. Ne parvenant pas à choisir entre les deux instruments, Celia Oneto Bensaid opte pour une alternance : la première partie sur l’un, la seconde sur l’autre. Une belle manière de varier les timbres et de faire découvrir à tous la magie du clavier sous différents angles.
Le public, conquis, applaudit longuement. En bis, Une barque sur l’océan de Ravel prolonge la thématique aquatique, suivie de l’Étude n°6 de Philip Glass, dans un final hypnotique et suspendu.